Page:Maupassant - Théâtre, OC, Conard, 1910.djvu/167

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BERTE.

Eh bien ! savez-vous ce qui m’a fait tant souffrir tout à l’heure quand mon frère me racontait cette liaison et cette mort ? Je peux vous le dire maintenant : j’ai été jalouse. C’est vilain, n’est-ce pas ? Jalouse de cette morte ! Mais il a si bien parlé d’elle pour m’apitoyer et j’ai senti qu’elle vous aimait tant, que vous me trouveriez peut-être indifférente et froide après elle. Et j’ai souffert de ça, j’ai eu peur de ça, jusqu’à vouloir renoncer à vous.


JEAN.

Et maintenant... Gilberte ?


GILBERTE, lui tend les deux mains.

Me voici, Jean.


JEAN.

Ah ! merci... merci ! (Lui baisant les mains. Puis, aussitôt après, avec émotion.) Mais voilà qu’une autre angoisse me saisit : j’ai promis à cette pauvre femme de prendre et de garder l’enfant avec moi... (Mouvement de Gilberte.) Ce n’est pas tout... Savez-vous quel fut son dernier vœu, quelle fut sa dernière prière ?... Elle m’a supplié de vous le recommander...


GILBERTE.

A moi ?


JEAN.

A vous, Gilberte.