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MUSOTTE

un tas de femmes autour de soi qui passent leur temps à se déshabiller, à se rhabiller ? Les clientes, les modèles… (Avec intention.) Les modèles surtout (Elle se lève, Léon se tait.) J’ai dit les modèles, Léon.

Léon.

J’entends bien, ma tante. C’est une allusion fine et délicate que vous faites à l’histoire de Jean. Eh bien ! quoi ! Il a eu pour maîtresse un de ses modèles, il l’a aimée, très sincèrement aimée pendant trois ans…

Madame de Ronchard.

Est-ce qu’on aime ces femmes-là !

Léon.

Toutes les femmes peuvent être aimées, ma tante, et celle-là méritait de l’être plus que bien d’autres.

Madame de Ronchard.

Beau mérite, pour un modèle, d’être jolie. Ça rentre dans le métier, ça !

Léon.

Métier ou non, c’est tout de même joli d’être jolie. Mais elle était mieux que jolie, celle-là, elle était d’une nature exceptionnellement tendre, bonne, dévouée…

Madame de Ronchard.

Il ne fallait pas qu’il la quitte, alors !

Léon.

Comment ! C’est vous qui me dites ça ? Vous qui