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MUSOTTE

Martinel.

Voilà ! Cela nous arrive ce soir, c’est-à-dire à la minute même où ce malheur menace tout l’avenir, toute la vie de votre sœur et de Jean. Que feriez-vous à ma place ? Garderiez-vous cette lettre ou la livreriez-vous ? En la gardant, nous sauvons peut-être la situation, mais cela me semble indigne.

Léon, énergiquement.

Oui, indigne ! Il faut donner la lettre à Jean.

Martinel.

Que fera-t-il ?


Léon.

Il est seul juge de ce qu’il doit faire ! Nous n’avons pas le droit de lui rien cacher.

Martinel.

S’il me consulte ?

Léon.

Je ne crois pas qu’il le fasse. On ne consulte en ce cas-là que sa conscience.

Martinel.

Mais il me traite comme un père. S’il hésite un seul instant entre l’élan de son dévouement et l’écrasement de son bonheur, que lui conseillerai-je ?

Léon.

Ce que vous feriez vous-même.