Page:Maupassant - Yvette, OC, Conard, 1910.djvu/280

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268 BERTHE.

Nous étions arrivés sur la colline; le doc- teur se retourna et me dit :

— Regardez Riom d'ici.

La ville, sombre, avait l'aspect des vieilles cités. Par derrière, à perte de vue, s'éten- dait une plaine verte , boisée , peuplée de villages et de villes, et noyée dans une fine vapeur bleue qui rendait charmant l'hori- zon. A ma droite, au loin, de grandes mon- tagnes s'allongeaient avec une suite de som- mets ronds ou coupés net comme d'un revers

d> r r epee.

Le docteur se mit à énumérer les pays et les cimes, me contant l'histoire de chacune et de chacun.

Mais je n'écoutais pas, je ne pensais qu'à la folle, je ne voyais qu'elle. Elle paraissait planer, comme un esprit lugubre, sur toute cette vaste contrée.

Et je demandai brusquement :

— Qu'est-il devenu, lui, le mari ?

Mon ami un peu surpris, après avoir hésité, répondit :

— Il vit à Royat avec la pension qu'on lui lait. Il est heureux, il noce.

Comme nous rentrions à petits pas, attris- tés tous deux et silencieux, une charrette