Page:Maupassant - Yvette.djvu/130

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Je crois vraiment que tu es folle. Quand ce sera fini, tu me le feras dire.

Mais la jeune fille, tout à coup, dégagea de ses mains son visage ruisselant de pleurs.

— Non !… écoute… il faut que je te parle… écoute… Tu vas me promettre… nous allons partir toutes les deux, bien loin, dans une campagne, et nous vivrons comme des paysannes : et personne ne saura ce que nous serons devenues ! Dis, veux-tu, maman, je t’en prie, je t’en supplie, veux-tu ?

La marquise, interdite, demeurait au milieu de la chambre. Elle avait aux veines du sang de peuple, du sang irascible. Puis une honte, une pudeur de mère se mêlant à un vague sentiment de peur et à une exaspération de femme passionnée dont l’amour est menacé, elle frémissait, prête à demander pardon ou à se jeter dans quelque violence.

— Je ne te comprends pas, dit-elle.

Yvette reprit :

— Je t’ai vue… maman,… cette nuit… Il ne faut plus… si tu savais… nous allons partir toutes les deux… je t’aimerai tant que tu oublieras…

Mme  Obardi prononça d’une voix tremblante :

— Écoute, ma fille, il y a des choses que tu ne