Page:Maupassant - Yvette.djvu/172

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du gros rosier poussé le long du mur et les boutons pas encore éclos, se mit à les lancer dans la chambre par la fenêtre.

Au premier qu’elle reçut, Yvette tressauta, faillit crier. D’autres tombaient sur sa robe, d’autres dans ses cheveux, d’autres, passant par-dessus sa tête, allaient jusqu’au lit, le couvraient d’une pluie de fleurs.

La marquise cria encore une fois, d’une voix étranglée :

— Voyons, Yvette, réponds-nous.

Alors, Servigny déclara :

— Vraiment, ça n’est pas naturel, je vais grimper par le balcon.

Mais le chevalier s’indigna.

— Permettez, permettez, c’est là une grosse faveur, je réclame ; c’est un trop bon moyen… et un trop bon moment pour obtenir un rendez-vous !

Tous les autres qui croyaient à une farce de la jeune fille, s’écriaient :

— Nous protestons. C’est un coup monté. Montera pas, montera pas.

Mais la marquise, émue, répétait :

— Il faut pourtant qu’on aille voir.

Le prince déclara, avec un geste dramatique :