Page:Maupassant - Zut !, paru dans Le Gaulois, 5 juillet 1881.djvu/6

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Alors, avec une grosse voix que j’essayais de rendre héroïque, je lui criai dans la figure

— Par les Italiens, morbleu !

Il répondit doucement :

— Est-ce que vous êtes fou ? Je m’en bats l’œil, des Italiens.

Alors j’entassai les raisons, je multipliai les périodes belliqueuses, je cherchai les effets, l’épiant pour voir s’il vibrait. Oui, il semblait vibrer ; son œil s’allumait, sa ligne tremblait dans sa main ; puis soudain il se retourna vers moi, le visage enflammé, la lèvre frémissante. Je pensai : « Ça y est ! » Ah ! bien oui ! Exaspéré, il me hurla sous le nez :

— Allez-vous me ficher la paix, vous, avec vos histoires ? Vous ne voyez donc pas que ça mord, sacré bavard !

Je n’avais qu’à me retirer. Ce que je fis.