Page:Maupassant - Zut !, paru dans Le Gaulois, 5 juillet 1881.djvu/8

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Vingt pas plus loin, je me trouvai en face d’un ex-membre de la Commune dont l’esprit aigu me plaît beaucoup, je l’avoue. Il a, du reste, un superbe talent d’écrivain, c’est un maître. Il s’est battu comme un forcené pour sa cause ; et l’indépendance absolue de sa pensée, son mépris des formules et des croyances toutes faites, le rendent même suspect à ses frères.

Je lui demandai : « Et l’Italie, qu’en pensez-vous ? Ce sera la guerre, n’est-ce pas ? C’est inévitable maintenant ». Il répondit : « Bast ! est-ce assez bête, tout ça, Tunis et le reste ! » Puis, après un mouvement de réflexion, il ajouta : « Qu’ils se battent s’ils veulent pour ces niaiseries-là. Moi, je me réserve pour la guerre civile ! »

La drôlerie de cette réponse m’amusa, et je partis, mon enquête finie.