Page:Maurice Goudard - La défense du libéralisme.pdf/115

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

étaient très prospères, et qui comptaient sur le dirigisme pour consolider leur position et se défaire, une fois pour toutes, de ces roquets concurrents qui leur aboyaient aux chausses.

Si je n’écoutais que mon égoïsme, je me rangerais dans cette catégorie, car je suis magnifiquement placé pour m’adjuger un quasi monopole.

Mais, comme disait Virgile :

Timeo Danaos et dona ferentes.

La deuxième catégorie, au contraire, groupait les patrons dont les affaires périclitaient, qui se voyaient en mauvaise posture et même au bord de la faillite. Si leur chiffre d’affaires était encore substantiel, mais leur exploitation déficitaire, ils comptaient sur le dirigisme pour, à l’abri d’un contingentement, relever les prix et améliorer leur bilan.

En face de cette meute de partisans, les libéraux faisaient piètre figure. On les aurait dits frappés d’une maladie honteuse. Entouré d’une poignée de sympathisants, j’étais presque seul à défendre le passé. Et pourtant je sentais que l’immense majorité du pays était libérale, mais elle était surtout composée de patrons qui étaient au travail, à l’usine ou au bureau, et qui n’avaient ni le temps ni le goût de perdre des heures dans des parlotes stériles. En quoi ils avaient peut-être tort, car si les méchants loups nous mangent, c’est que nous nous sommes trop désintéressés de la politique.