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appliqué qu’à certains secteurs de l’Économie, la majorité des autres restant en dehors.

Je ne vois pas très bien, en effet, comment on pourra intéresser sur la production les fonctionnaires, les artisans, les commerçants, les artistes, qui font déjà tout ce qu’ils peuvent. Pour les agriculteurs, qui ont le mépris de la comptabilité, comment rémunérer les travailleurs ? Il s’agit là d’au moins la moitié de la population qui sera évincée du système et qui devra se contenter d’un salaire fixe. Il se, créera ainsi une aristocratie des travailleurs, les uns étant avantagés sans que, bien souvent, ils l’aient mérité, par rapport à d’autres, pourtant très méritants. La nouvelle classe privilégiée, par sa puissance d’achat, fera monter les prix de ce qu’elle ne produit pas, tandis que la production « schuellerisée » s’écoulera difficilement. J’entends bien que les prix sont fixés impérieusement, mais je crains qu’il ne s’établisse deux marchés, l’un noir, en hausse, pour les produits qui manqueront, l’autre rose, en baisse, pour les produits en excès.

Beaucoup de bons esprits proposent de résoudre la question des salaires par la participation aux bénéfices. Ils parlent, bien entendu, des bénéfices des autres ; pour eux, il ne leur viendrait pas même à l’idée d’intéresser leur cuisinière sur les économies qu’elle peut réaliser sur ses achats.

C’est un système séduisant en théorie et qui a déjà reçu des réalisations intéressantes, notamment à l’Arbed, la puissante Société métallurgique luxembourgeoise.