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— Combien avez-vous de mutations ? lui demandai-je.

— Très peu, à peine 100 par jour, sur un effectif total de 12.000 hommes, me répondit-il.

Par un rapide calcul, je lui démontrai que le séjour moyen d’un ouvrier dans ses usines n’était que de quatre mois et demi, ce qui était désastreux. Immédiatement, des mesures furent prises pour stabiliser la main-d’œuvre. Et le rendement s’accrût aussitôt. Car le changement de personnel dans une fabrication est surtout nuisible pour la maison. Les machines souffrent énormément d’être conduites par des ouvriers nomades, qui ne s’intéressent pas à leur entretien ; les rebuts de fabrication se multiplient ; les cadres perdent un temps précieux à mettre au courant les nouveaux venus. Pour les employés, c’est encore pire : les mille détails d’une administration ne peuvent être assurés que par un personnel parfaitement stable. À titre d’indication, Solex, dont le rendement par mètre carré d’atelier ou de bureaux est difficile à battre, réalise une moyenne de neuf ans de présence pour les ouvriers et de quinze ans pour les employés.

Il est donc faux d’accuser les patrons, comme on l’a fait, de se désintéresser de la stabilité de leur personnel, alors qu’au contraire il est primordial pour eux de conserver toujours les mêmes éléments.

S’ils sont parfois réduits à d’ébaucher, c’est que le travail vient à manquer, et ce ne sera pas le dirigisme