Page:Maurice Goudard - La défense du libéralisme.pdf/182

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vote par la Chambre avertissait le pays des dispositions qui allaient être prises, et permettait aux intéressés le recours devant le Sénat. On a beaucoup reproché à ce processus sa lenteur, ce qui était justement une de ses qualités. Car il n’importe pas qu’une loi soit bâclée en huit jours, si elle doit être modifiée six mois après. Le dirigisme, qui veut tout réglementer, me paraît faire le plein de cette instabilité. La lecture du Journal Officiel est, à cet égard, des plus instructives. Ce ne sont que modifications, rectifications, précisions, qui mettent l’assujetti à une rude épreuve. Les lois dirigistes sur les loyers et, plus récemment, sur la fixation des prix, sont, à cet égard, des modèles du genre.

Le plus grave est que si vous interrogez, parmi ceux qui sont chargés d’appliquer les lois, des notaires, des avoués, des magistrats, tous sont unanimes à constater que, dans le dirigisme, il devient impossible de se reconnaître dans le maquis mouvant des textes. L’adage « Nul n'est censé ignorer la loi » peut s’énoncer maintenant : « Nul n’est censé connaître la loi ». De là à ne pas l’appliquer, il n’y a qu’un pas. C’est Montesquieu qui a dit, bien longtemps avant moi : « L’excès de lois mène à l’anarchie ».

4° Les lois doivent être humaines. — Il ne sert à rien de faire des lois, si elles heurtent trop violemment les instincts et les habitudes de l’homme. Les juristes qui ont établi le Code Napoléon étaient de grands