Page:Maurice Goudard - La défense du libéralisme.pdf/204

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il se contente d’un intérêt minime. Si, au contraire, il entrevoit une dévalorisation, il exige un intérêt qui peut facilement atteindre le double. Or, le taux d’intérêt de l’argent conditionne la plupart des éléments du coût de la vie. Le libéralisme s’était attaché à la stabilité de la monnaie, qui n’a que très peu varié de 1870 à 1914, l’augmentation de la circulation fiduciaire correspondant automatiquement à l’accroissement de richesse du pays.

Le dirigisme, par un étrange phénomène, est incapable de diriger sa monnaie, et la dégradation de celle-ci a toujours suivi les méthodes dirigistes. Plus le pays s’appauvrit, plus le dirigisme pousse à l’inflation alors qu’avec un peu d’autorité, il lui serait très facile de limiter la circulation. Mais, pour la monnaie, les dirigeants se sont montrés incapables de la diriger, comme tout le reste, d’ailleurs.

Par contre, ils ont institué le contrôle des changes, copiant ainsi les États qui n’ont pas d’or et qui sont obligés de recourir à ce moyen. Tout cela pour empêcher les Français de convertir leurs francs en devises étrangères. Est-ce utile ? Quand les Français seront gavés de livres ou de dollars, il faudra bien qu’ils se procurent des francs pour effectuer leurs paiements en France. Et alors l’équilibre se rétablira, et à un niveau qui étonnera peut-être les spéculateurs. Tandis que le contrôle des changes mène droit à l’autarcie, qui est la manifestation la plus dangereuse du dirigisme.