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connaître de son auteur, tout au moins ce qu’on est convenu d’appeler son curriculum vitæ.

Je voudrais savoir de quel milieu il est, quelles études il a faites, le détail de ses occupations.

J’estime, en effet, que lorsqu’on écrit sur la chose publique, on devient un homme public et, comme tel, on doit étaler sa vie au grand jour.

J’attache une grande importance, quand je lis un livre d’Économie, à connaître la profession de son auteur, son âge, ses ressources, sa position sociale.

Pour les romanciers, les poètes, c’est moins utile, bien qu’il ne soit pas indifférent de savoir que Mallarmé était professeur, que Courteline, l’inimitable auteur de Boubouroche était fonctionnaire et que Verlaine, buveur impénitent, fit deux ans de prison pour avoir voulu tuer son ami, Arthur Rimbaud.

Il est impossible de ne pas constater une relation entre le comportement d’un écrivain dans la vie et le comportement de sa pensée.

Aussi, ai-je consciencieusement cherché à connaître le passé de tous les dirigistes qui publiaient leurs idées.

Je dois dire que ma curiosité fut rarement satisfaite, car, à toutes mes interrogations, mes confrères en Économie répondirent avec une prudence et une modestie que je n’ai jamais pu vaincre.

Aussi, pour ne pas mériter le même reproche, suis-je amené à parler de moi. Je le ferai abondamment.

J’ai, tout d’abord, balancé longtemps devant cette nécessité. Je prévoyais l’accusation que l’on me ferait