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n’a pas la responsabilité de faire marcher une usine, cherche avant tout à couvrir sa responsabilité. Il perfectionnera amoureusement le prototype, mais la production en série ne le passionne pas. C’est bon pour les marchands de canons. Ce mépris de la série se remarque surtout chez les Ingénieurs du Génie Maritime, sujets d’élite par ailleurs, mais qui sont formés à construire des cuirassés à la cadence d’une unité tous les cinq ans. Quand l’État les mit malencontreusement à la tête de l’Aviation, où la série devait être de cent unités par jour, il obtint les résultats que l’on connaît.

La Société Hotchkiss était, depuis de longues années, en concurrence, pour les mitrailleuses, avec l’Arsenal de Saint-Étienne et lui taillait de rudes croupières sous le rapport de la qualité, de la facilité d’entretien et du prix de revient. Cela en devenait humiliant pour l’Arsenal. Aussi, hélas ! ce dernier profita-t-il des nationalisations de 1936 pour mettre la main sur son concurrent et effacer jusqu’à son nom. Depuis lors, la sortie des mitrailleuses baissa de moitié, mais, par contre, la production des Généraux s’avéra satisfaisante, grâce au nombre impressionnant de Colonels qui se succédèrent au fauteuil directorial d’Hotchkiss et en sortirent avec les étoiles.

Les tanks conçus par des Ingénieurs civils étaient excellents, mais on n’en construisit que quelques centaines, car toutes les usines d’automobiles furent occupées, en 1939, à produire des camions. Pourquoi ? Parce que,