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mis à la recherche d’une secrétaire. Un grave obstacle surgissait. Nous n’avions pas, dans l’atelier de la rue de Montreuil, de w.-c. convenables pour une femme. Je résolus la difficulté en spécifiant que la candidate devait habiter à moins de 200 mètres de l’atelier. Le plus inouï est que celle qui se présenta en cette qualité, Mme  Jehanno, révéla, par la suite, des dons exceptionnels, qui lui valurent de commander l’usine pendant la guerre 1914-1918, et d’être encore aujourd’hui à la tête de nos Services administratifs.

Mais, rapidement, l’atelier devint trop petit. Nous décidâmes alors de nous rapprocher de nos clients et nous choisîmes, dans Levallois-Perret, un local d’un loyer de 5.000 francs, qui n’était pas luxueux, mais simplement décent. Les années suivantes furent très dures. Toutes les difficultés que j’ai énumérées plus haut surgissaient une à une. Mais nous étions, trop engagés pour reculer. Il fallait vaincre ou mourir. Et le plus curieux, c’est que je manquai d’opter pour la deuxième solution. Épuisé par cinq ans de labeur ininterrompu, sans vacances ni dimanches, je pris froid au cours d’un essai sur une voiture découverte, en plein hiver 1911, ce qui me valut une grippe infectieuse qui me terrassa pendant de longs mois. Je n’arrivais pas à récupérer et je me crus perdu. L’hiver approchait, je voulus, tout au moins, mourir au soleil. Je ne connaissais pas le Midi, mais le nom de Beausoleil, près de Nice, me semblait prometteur. Désillusion, il se mit à pleuvoir pendant huit jours. Désespéré, je pris le premier bateau en par-