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envoyer son café, il faut bien, en échange, lui fournir des carburateurs ou autre chose. J’ai toujours été un libre-échangiste convaincu et c’est dans cet esprit que je me suis attaché particulièrement à pousser l’exportation. À première vue, les carburateurs paraissaient un article difficile à écouler à l’étranger. Mais j’avais la foi. Je compris que le processus de l’exportation est extrêmement lent, qu’il fallait être armé d’une grande patience et prendre quelques risques. En plus, il ne fallait pas hésiter à voyager. Et Solex est connu aux Wagons-Lits et à Air-France comme un excellent client. Il est, du reste, moins fatigant d’aller à Berlin qu’à Lyon. Je l’expliquerai à la rubrique « Transports ». Cette faculté d’ubiquité me servit beaucoup à installer des usines à Berlin, Londres, Turin et Yokohama, lesquelles, après des débuts modestes, ont connu des succès remarquables grâce à la valeur de leurs dirigeants, qui sont tous des nationaux.

Mais il m’était indispensable de connaître les langues. Pour l’allemand, cela fut relativement facile, car je l’avais appris au lycée et j’aime beaucoup le parler. Pour l’anglais, ce fut plus. ardu, et je me souviens que, lors de mon premier voyage en Amérique, en 1925, je fus obligé de me faire accompagner d’un interprète, qui ne me quitta pas d’une semelle. J’en revins horriblement vexé, mais je réagis, et, cinq ans après, je pouvais faire un discours en public… avec l’accent français, bien entendu, ce qui déridait toujours l’auditoire.