Page:Maurice Goudard - La défense du libéralisme.pdf/97

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L’organisation professionnelle, les ententes industrielles étaient orchestrées par les représentants des trusts et les dirigistes, qui cherchaient à caser leurs talents. Ils n’auraient eu, du reste, aucune chance si la guerre n’était pas survenue. Ce furent deux ans de luttes stériles, de controverses sans fin, où brillait mon ami et adversaire Jean Coutrot, disparu si prématurément, et qui devait mettre sa magnifique intelligence au service des plus étonnants paradoxes. Le tout dominé par des heurts sociaux grandissants, dont la chienlit de l’Exposition de 1937 étalait le résultat lamentable. J’avais le sentiment que ces discussions byzantines étaient désastreuses en un temps où l’union des Français était plus que jamais nécessaire. Pour m’étourdir, je voyageai beaucoup. Londres, Berlin, Turin, Detroit me virent deux fois l’an. Dans ces voyages, je perdis ma fille, provisoirement s’entend, car elle s’éprit d’un jeune universitaire américain, charmant du reste, et qu’elle épousa en m’avouant : « Jamais je ne voudrais avoir comme mari un industriel, car je ne pourrais jamais l’avoir complètement à moi. » Ma seule consolation fut de constater les nombreuses sympathies qui m’entouraient le jour du mariage, en juin 1939 ; mais ce fut un coup dur pour moi. Mais bientôt le tonnerre de la guerre éclata. J’aurais voulu me mettre au service de la Nation, dans les limites de mes capacités, en l’espèce, au Ministère de l’Armement. Malheureusement, mes idées libérales ne plaisaient pas aux puissants du jour. L’esprit « Chemin de fer » régnait en maître. C’était le triomphe