Page:Maurice Joly - Les Affames - E Dentu Editeur - 1876.djvu/328

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s’inclinait devant la jeune fille dont l’étonnement paraissait avoir augmenté

Au même moment un domestique se présenta une lettre à la main :

— Pour monsieur le comte ! On demande une réponse de la part de M. le comte de B***.

— Très bien, je vais la donner ; veuillez m’excuser pour un instant, dit M. de Marcus, vous êtes avec votre partie adverse, ajouta-t-il en souriant.

— Monsieur, où vous ai-je donc vu pour la première fois ? dit Mlle de Nerval avec une expression de simplicité charmante.

— Je ne sais ; peut-être à l’église Notre-Dame, un soir ; une autre fois rue des Saints-Pères, et il y a deux jours à l’Opéra.

— Et c’est vous, monsieur, qui êtes chargé de venir nous parler au nom du fils de Daniel Bernard ? Que cela est étrange ! Et ce Karl Elmerich, comment est-il ?

— Mais il est très bien, mademoiselle, dit Georges Raymond. Il est aussi bien qu’on peut l’être. Oh ! pensa-t-il avec un soupir, quand il la verra !

— Alors, monsieur, nous n’avons aucun droit sur la succession de Daniel Bernard.

— Aucun droit positif, non, mademoiselle ; mais mon ami Karl Elmerich ne réclamera que la moitié de la succession.

— Et comment ? ce sera de la libéralité de M. Karl Elmerich que nous tiendrons la moitié de cette fortune ? Nous ne le demanderons jamais et nous ne l’accepterons pas.

— Si ! mademoiselle, vous l’accepterez quand vous connaîtrez celui qui viendra vous en supplier très humblement. J’ai d’ailleurs expliqué à M. le comte de