Page:Maurice Joly - Recherches sur l'art de parvenir - Amyot éditeur - 1868.djvu/34

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César et sa fortune », c’est comme s’il lui avait dit : Ne crains rien, tu portes une chance qui est dans la loi de son développement. Et le pilote sans analyser comprit parfaitement ainsi.

L’habileté supérieure en politique consiste à faire le hasard et à ne pas le subir. Dans les affaires, il y a aussi des gens qui font le hasard, on les appelait autrefois des fripons.

DU BUT ET DES MOYENS.

On a compris que ce que nous avons appelé le bien jouer dans le chapitre précédent n’est que l’art de conduire ses desseins et de gouverner dans les différentes circonstances de la vie ; le champ qui s’ouvre est immense, mais le sujet en lui-même peut se réduire à des termes généraux d’une extrême simplicité : le but, les moyens.

Ceci présente pour les esprits les moins pénétrants des idées fort claires, et si beaucoup de savants écrivains voulaient s’exprimer avec cette netteté ils auraient bientôt fait le tour de leur connaissance. Le but, c’est naturellement tout ce que l’on peut humainement désirer ou ambitionner ; les moyens, ce sont les forces dont on dispose pour s’égaler à ses ambitions et à ses désirs ; ce sont toutes les facultés et tous les talents, toutes les manières, toutes les formes extérieures, toutes les combinaisons d’esprit à l’aide desquelles on agît sur la société et sur les hommes.