Page:Maurice Joly - Recherches sur l'art de parvenir - Amyot éditeur - 1868.djvu/47

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respectives à exercer la do­mination ou à la subir. On comprend alors aisément pour­quoi il y a des hommes en bas, d’autres en haut ; pourquoi il y a des gouvernements, des princes et des aristocraties. Les forces primitives originaires qui ont constitué un état de choses déterminé à un moment donné tendent à se perpétuer dans les institutions, à s’organiser en classes, en castes, en privilèges et souveraineté, en paralysant ou en désarmant les forces contraires qui pourraient les dé­truire. La force morale organise la force sociale à son profit et la fait servir à ses ambitions.

Ce n’est pas qu’il n’y ait quelque chose de profondé­ment irritant dans le joug de la puissance publique fondée sur la faiblesse des autres hommes. La force divisée dans les masses s’unit sous l’empire d’une haine commune, on fait alors des révolutions ; mais qui les fait ? Encore la force morale départie à quelques hommes résolus. On ne sort pas de ce cercle.

Enfin dans le dernier état de choses on arrive à l’égalité de droit; toute puissance publique héréditaire a disparu, tout privilège est détruit. La vie sociale n’est plus qu’un immense concours ouvert à toutes les ambitions. Eh bien, ce concours ressemble assez à un gymnase auquel on aurait convié boiteux, manchots, paralytiques et goutteux à disputer le prix de la course à tous les concurrents valides à les dépasser de vitesse, à grimper aux mâts, à s’élancer