Page:Maurice Leblanc - La Barre-y-va.djvu/106

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— En effet… en effet. Mais je vous dis ce qu’il m’a raconté… plusieurs semaines après.

— En vous taisant sur les volontés de M. Montessieux, vous vous faisiez complice de votre mari…

— Je le sais… et j’en souffrais beaucoup. Mais nous avions de gros ennuis d’argent, et il nous semblait que nous étions frustrés au profit de Catherine. C’est cette histoire d’or qui a tourné la tête à mon mari. Malgré nous, nous étions persuadés que grand-père avait trouvé le secret de la fabrication, et qu’en léguant à Catherine le manoir et tout le côté du parc à droite de la rivière, il lui livrait par là même, et à elle seule, des trésors illimités.

— Mais elle eût certainement partagé avec vous.

— J’en suis sûre, mais j’ai subi la domination de mon mari, et je me suis laissée entraîner par faiblesse, par lâcheté… Quelquefois même avec une sorte de rage. C’était si injuste… si révoltant… !

— Mais puisque le testament était supprimé, la propriété restait indivise entre votre sœur et vous.

— Oui, mais elle pouvait se marier — ainsi qu’il arrive actuellement — et nous n’étions plus libres de faire les recherches que nous voulions. D’ailleurs, mon mari devait en savoir plus long qu’il ne le disait.

— Par qui ?

— Par la mère Vauchel, qui travaillait ici autrefois, et qui, dans sa demi-folie, lui racontait certaines choses sur grand-père, où il était surtout question de rochers, de la Butte-aux-Romains et de la rivière. Cela concordait avec la volonté de mon grand-père sur cette limite des saules qu’il voulait imposer entre les deux propriétés.

— Et c’est pour cela que M. Guercin a changé cette limite ?