Page:Maurice Leblanc - La Barre-y-va.djvu/123

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Raoul dut sentir qu’on l’observait car il tourna la tête du côté de Catherine à qui il sourit, puis du côté de Bertrande à qui il sourit également. Elles montèrent dans la barque.

« Vous pensiez à nous, n’est-ce pas ? demanda l’une d’elles en riant.

— Oui, dit-il.

— À laquelle ?

— Aux deux. Je ne puis vraiment pas vous séparer l’une de l’autre. Comment ferais-je pour vivre sans vous deux ?

— Nous partons toujours demain ?

— Oui, demain matin, 11 septembre. C’est ma récompense, ce petit voyage en Bretagne.

— On part… cependant rien n’est résolu, fit Bertrande.

— Tout est résolu », dit-il.

Un long silence s’établit entre eux ; Raoul ne pêchait rien et n’avait aucun espoir de rien pêcher, la rivière étant dépourvue du moindre goujon. Mais tout de même ils contemplaient tous trois les jeux du bouchon de liège. De temps à autre ils échangeaient une phrase, et le crépuscule les surprit dans cette intimité heureuse.

« Je vais donner un coup d’œil à mon auto, dit Raoul. Vous m’accompagnez ? »

Ils se rendirent à ce hangar où il remisait son automobile, non loin de l’église. Tout allait bien. Le moteur tournait avec un murmure régulier.

À sept heures Raoul quitta Bertrande et Catherine, en leur disant qu’il viendrait les chercher le lendemain vers dix heures et demie, et qu’ils traverseraient la Seine sur le bac de Quillebeuf. Puis il rejoignit Béchoux dans sa chaumière, où, pour plus de commodité, ils devaient passer cette dernière nuit.

Après le dîner, l’un et l’autre gagnèrent leurs chambres. Bientôt Béchoux ronflait.