Page:Maurice Leblanc - La Barre-y-va.djvu/150

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— Soit, s’écria Béchoux. Mais quel est le plan du domestique Arnold ? À quoi veut-il arriver ?

— À ce que tout le monde quitte le manoir. Il est venu ici pour prendre de l’or. Mais il s’est aperçu qu’il ne prendra cet or, qu’il ne pourra accomplir l’œuvre nécessaire pour le prendre, que si le manoir est vide et que personne ne puisse le surveiller. Il faut que le manoir soit vide avant une date fixe, qui est le 12 septembre, et, pour obtenir ce résultat, il faut créer ici une atmosphère d’épouvante qui, fatalement, obligera les deux sœurs à partir. Il ne les tuera pas, parce qu’il n’a pas les instincts d’un meurtrier. Mais il les chassera d’ici. Et, un soir, il entre par la fenêtre dans la chambre de Catherine et la prend à la gorge. Attentat, diras-tu. Oui, mais attentat simulé. Il prend à la gorge, mais il ne tue pas. Il en avait le temps. Mais à quoi bon ? Ce n’est pas son but. Et il s’enfuit.

— Soit, s’écria Béchoux, toujours prêt à céder, et qui toujours s’insurgeait. Soit. Mais si c’était réellement Arnold que nous avons discerné dans le parc, qui a tiré sur lui, de sa propre chambre, un coup de fusil ?

— Charlotte, sa complice ! En cas d’alerte, c’était chose convenue entre eux. Arnold fait le mort. Quand nous arrivons, plus personne. Il est remonté chez lui, et nous le rencontrons qui redescend, le fusil à la main.

— Mais par où est-il remonté ?

— Il y a trois escaliers, dont un à l’extrémité, et dont il se sert évidemment chaque fois qu’il fait quelque coup, la nuit.

— Mais si c’était réellement lui le coupable, il n’aurait pas été attaqué, et Charlotte non plus !

— Simulation ! Il ne faut à aucun prix qu’on les soupçonne. Il démolit une planche du pont, et il en est quitte pour un bain. Une poutre du hangar