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— Le hasard… dit Béchoux… une dénonciation d’un de tes complices, qui est parvenue à la préfecture, et que j’ai interceptée. »

D’Avenac l’embrassa dans un élan spontané.

« Tu es un frère, Théodore Béchoux ! et je te permets de m’appeler Raoul… Oui, un frère. Je te revaudrai ça. Tiens, je n’attendrai pas une seconde de plus pour te rendre les trois mille francs qui se trouvaient dans la poche secrète de ton portefeuille. »

Ce fut le tour de Béchoux de saisir son ami à la gorge. Il était hors de lui.

« Voleur ! Escroc ! tu es monté dans ma chambre, cette nuit ! Tu as vidé mon portefeuille ! Mais tu es donc indécrottable ? »

Raoul riait comme un fou.

« Que veux-tu, vieille branche ? On ne dort pas la fenêtre ouverte… j’ai voulu te faire voir le danger… J’ai pris ça sous ton oreiller… Avoue que c’est drôle ! »

Béchoux l’avoua, gagné tout à coup par la gaieté de Raoul, et, comme Raoul, il se mit à rire, avec colère tout d’abord, puis naturellement et sans arrière-pensée :

« Sacré Lupin ! Tu seras toujours le même ! Pas sérieux pour deux sous ! Tu n’as pas honte, à ton âge ?

— Dénonce-moi.

— Pas possible, dit Béchoux en soupirant. Tu t’échapperais encore. On ne peut vraiment rien contre toi… Et puis, ce serait dégoûtant de ma part. Tu m’as rendu trop de services.

— Et je t’en rendrai encore. Tu vois, il a suffi de ton appel pour que je vienne reposer dans ton lit et boulotter ton petit déjeuner. »

De fait, une voisine qui faisait le ménage de Béchoux venait d’apporter du café, du pain et du beurre, et Raoul se faisait de confortables tartines