Page:Maurice Leblanc - La Barre-y-va.djvu/39

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répéta ce mot d’un ton dédaigneux, comme s’il méprisait Raoul pour avoir imaginé une telle hypothèse). Oui, absurde, car M. Guercin mit bien deux ou trois minutes à forcer le cadenas, et l’individu aurait eu vingt fois le temps de se cacher à l’étage inférieur. Tu confesseras que mon raisonnement est irréfutable, et qu’il faut que tu m’opposes une autre version. »

Raoul n’opposa rien du tout. Il se taisait.

Sur quoi Béchoux changea ses batteries et attaqua un autre sujet.

« C’est comme pour Catherine Montessieux. Là encore, rien que des ténèbres. Qu’a-t-elle fait dans la journée d’hier ? Par où a-t-elle disparu ? Comment est-elle rentrée, et à quelle heure ? Mystère. Et mystère plus encore pour toi que pour moi, puisque tu ignores tout le passé de cette jeune personne, ses craintes plus ou moins fondées, ses lubies, enfin tout.

— Absolument tout.

— Moi aussi, d’ailleurs. Mais tout de même il y a certains points essentiels sur lesquels je pourrais te renseigner.

— Ça ne m’intéresse pas pour l’instant. »

Béchoux s’irrita.

« Mais enfin, saperlipopette, rien ne t’intéresse ? À quoi penses-tu ?

— À toi.

— À moi ?

— Oui.

— Et dans quel sens ?

— Dans le sens habituel où je pense à toi.

— C’est-à-dire comme à un imbécile.

— Pas du tout, mais comme à un être éminemment logique, et qui n’agit qu’à bon escient.

— De sorte que ?

— De sorte que je me demande depuis ce matin pourquoi tu es venu à Radicatel ?