Page:Maurice Leblanc - La Barre-y-va.djvu/40

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— Je te l’ai dit. Pour me guérir des suites d’une pleurésie.

— Tu as eu raison de vouloir te soigner, mais tu pouvais le faire ailleurs, à Pantin ou à Charenton. Pourquoi as-tu choisi ce patelin ? C’est le berceau de ton enfance ?

— Non, dit Béchoux, embarrassé. Mais cette chaumière appartenait à un de mes amis, et alors…

— Tu mens.

— Dis donc !…

— Fais voir ta montre, délicieux Béchoux. »

Le brigadier tira de son gousset sa vieille montre d’argent qu’il fit voir à Raoul.

« Eh bien, dit celui-ci… veux-tu que je te dise ce qu’il y a sous ce boîtier ?

— Rien, dit Béchoux, de plus en plus gêné.

— Si, il y a un petit carton, et ce petit carton, c’est la photographie de ta maîtresse.

— Ma maîtresse ?

— Oui, la cuisinière.

— Qu’est-ce que tu chantes ?

— Tu es l’amant de Charlotte, la cuisinière.

— Charlotte n’est pas une cuisinière, elle est une sorte de dame de compagnie.

— Une dame de compagnie qui fait la cuisine et qui est ta maîtresse.

— Tu es fou.

— En tout cas tu l’aimes.

— Je ne l’aime pas.

— Alors pourquoi gardes-tu cette photographie sur ton cœur ?

— Comment le sais-tu ?

— J’ai consulté ta montre, la nuit dernière, sous ton oreiller. »

Béchoux murmura :

« Fripouille !… »

Il était furieux, furieux d’avoir été dupé de nou-