Page:Maurice Leblanc - La Barre-y-va.djvu/64

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fiaient ces mots, sinon que, dans son esprit, la vision des trois arbres s’associait à l’idée d’un danger que je courais ? Je la pressai de questions. Elle aurait voulu y répondre. Elle essayait. Mais les phrases n’arrivaient à ses lèvres qu’inachevées et informes. Tout au plus pus-je comprendre qu’elle articulait le nom de son fils.

« — Dominique… Dominique… »

« Je lui dis aussitôt :

« — Oui… Dominique… votre fils… il sait quelque chose sur ces trois arbres, n’est-ce pas ? Et je dois le voir ?… c’est ce que vous voulez dire ? Je le verrai demain… Je viendrai ici demain… à la fin de la journée, quand il sera revenu de son travail. Il faut l’avertir, n’est-ce pas ? et lui dire de m’attendre demain… Demain, à sept heures du soir, comme aujourd’hui. Demain… »

« J’appuyai sur ce mot, dont elle paraissait saisir la signification, et je la quittai avec un peu d’espoir. Il faisait presque nuit à ce moment, et je dois dire qu’il me sembla discerner dans l’ombre une silhouette d’homme qui se renfonçait derrière la cabane. J’eus le grand tort de ne pas vérifier cette impression fugitive. Mais rappelez-vous combien alors j’étais peu maîtresse de moi, et prête à m’effrayer sans raison très précise. J’avoue que j’eus peur, et que je redescendis vivement le sentier.

« Le lendemain je montai bien avant l’heure fixée, afin de repartir plus tôt, en plein jour. Dominique n’était pas encore arrivé de son travail. J’attendis longtemps près de la mère Vauchel, qui demeurait taciturne et comme anxieuse.

« Ce fut un paysan qui survint. Il annonça que deux camarades le suivaient et qu’ils transportaient le bûcheron Dominique que l’on avait trouvé blessé, sous le chêne qu’il abattait. À l’embarras du messager, je compris le drame. De