Page:Maurice Leblanc - La Barre-y-va.djvu/78

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venir me voir à ce propos… tenez, le lendemain du jour où il a été assassiné. Il m’avait prévenu par lettre de sa visite, ce pauvre monsieur.

— Et comment expliquez-vous cet oubli de la part de M. Montessieux ?

— Je pense qu’il avait négligé d’écrire ses dispositions et que la mort l’a surpris. C’était un homme assez bizarre, très préoccupé par ses travaux de laboratoire et ses expériences de chimie.

— Ou plutôt d’alchimie, rectifia Raoul.

— C’est vrai, dit maître Bernard, en souriant. Il prétendait même avoir découvert le grand secret. Je le trouvai un jour dans une agitation extraordinaire, et il me montra une enveloppe remplie de poudre d’or, en me disant d’une voix qui frémissait d’émotion :

— Tenez, cher ami, voilà l’aboutissement de mes travaux. N’est-ce pas admirable ?

— Et c’était vraiment de l’or ? demanda Raoul.

— Incontestablement. Il m’en a donné une pincée que j’eus la curiosité de faire examiner. Aucune erreur possible. C’était de l’or. »

La réponse ne sembla pas étonner Raoul.

« J’ai toujours pensé, dit-il, que cette affaire tournait autour d’une découverte de ce genre. »

Et il reprit, en se levant :

« Un mot encore, maître Bernard. Il n’y a jamais eu, dans votre étude, des indiscrétions, ce qu’on appelle des fuites ?

— Jamais.

— Vos collaborateurs sont pourtant bien des fois au courant d’une partie de ces drames de famille dont on vient vous entretenir. Ils lisent les actes. Ils copient les contrats.

— Ce sont d’honnêtes gens, fit maître Bernard, qui ont l’habitude et l’instinct de se taire sur tout ce qui se passe dans l’étude.

— Leur existence est cependant bien modeste.