Page:Maurice Leblanc - La Barre-y-va.djvu/81

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qui s’était remis à pleurer, s’endormit avec des hoquets de désespoir.

« Plus rien à faire, se dit Raoul. Mais à quoi bon m’entêter ? J’en sais assez pour agir, et pour agir à mon aise. Le bonhomme a encore cinq mille francs à dépenser et ne viendra pas à Lillebonne avant une quinzaine. »

Trois jours plus tard, Raoul se présentait à la pension de famille du Havre. Catherine lui apprit aussitôt que sa sœur et elle avaient reçu, le matin même, une lettre de maître Bernard, qui les convoquait pour le lendemain après-midi au domaine de la Barre-y-va. « Communication importante », disait le notaire.

« C’est moi, fit Raoul, qui ai provoqué cette convocation. Et voilà pourquoi je viens vous chercher, selon ma promesse. Vous n’avez pas peur de retourner là-bas ?

— Non », affirma-t-elle.

De fait, elle offrait un visage apaisé, qui souriait et qui avait repris son air de confiance et d’abandon.

« Vous savez quelque chose de nouveau ? » dit-elle.

Il déclara :

« Je ne sais pas ce que nous allons apprendre. Mais il est hors de doute que nous allons entrer dans une région plus claire. Vous déciderez alors si vous voulez prolonger votre séjour à la Barre-y-va et avertir Arnold et Charlotte. »

À l’heure fixée, les deux sœurs et Raoul arrivaient au manoir. En les voyant, Béchoux se croisa les bras, furieux.

« Mais c’est de l’aberration ! s’écria-t-il. Après ce qui s’est passé, venir ici !

— Rendez-vous avec le notaire, dit Raoul. Conseil de famille. Je te convoque. N’es-tu pas de la famille ?