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chasses et voyages au congo

puis des poids plus lourds comme des brassées de foin ou de bois. En général chez les nègres, c’est la femme qui travaille et telle une bête de somme accomplit tous les durs travaux ; elle qui porte les lourds fardeaux, elle qui fait la corvée d’eau ou de bois, elle qui pioche et remue la terre. Avant l’arrivée du Blanc, l’homme n’avait qu’à se laisser vivre ; étant sans grands besoins, le maïs, le manioc et les bananes qui poussent ici presque sans effort suffisaient à sa subsistance ; aussi a-t-il vu sans plaisir s’installer le nouveau régime, et le goût des oripeaux européens qu’on lui inculque artificiellement est le seul avantage discutable qu’il retire de la civilisation qu’on lui impose et qui demeure sans charme pour lui.

7 janvier.

Ce matin, M. Van Damme nous fait les honneurs de son jardin. Celui-ci commence à la route et s’étend jusqu’au lac, que d’ici on prendrait pour la mer ; au loin, vis-à-vis on voit les montagnes de la presqu’île où il y a un mois nous avons été nous promener ; les villages de Manga et se Vano s’estompent dans la brume matinale ; nous cherchons du regard la crête où se cache le lac Bird et sa cascade. Comme tout cela parait loin déjà…

Le potager de la Texaf est bien dessiné et nous y trouvons de tout : d’abord les légumes d’Europe, carottes, petits pois, haricots, choux, radis, salades sans oublier les pommes de terre chères à tout cœur belge et… luxembourgeois. Puis les tomates et les aubergines qui poussent ici comme la mauvaise herbe ; le piment rouge et l’ananas qui ressemble à un petit yuca dont le fruit forme le centre ou le cœur. Tout cela est excellent au goût et rend la vie facile pour le colon qui possède à sa porte et sans grands frais de quoi se nourrir économiquement et hygiéniquement, car les conserves, outre qu’elles arrivent à coûter fort cher, finis-