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chasses et voyages au congo

les camions-automobiles commandés à Rutschuru pour nous transporter avec nos bagages, viennent nous chercher. Pour charmer nos loisirs, nous allons rendre visite à l administrateur qui nous montre deux lionceaux qu’on lui a apportés de la forêt, la mère ayant sans doute été tuée, et qu’il élève au biberon. L’un d’eux a l’air malade et je pense qu’on ne pourra pas le garder, mais l’autre est magnifique et nous les avons longuement contemplés. Il est amusant de voir comme tout jeunes encore, ils ont déjà les manières des grands ; même port majestueux en se déplaçant, même mouvement de la queue, et un boy ayant fait mine de vouloir les prendre, même attaque en montrant leurs crocs, et miaulements qui annoncent le hurlement du vieux lion. Pour le moment ils n’ont que deux mois et demi et ne sont pas dangereux, et ils se contentent de leur biberon, auquel très ingénieusement on a attache un tube en bambou qui leur permet de boire, mais gare, dans quelques mois quand il faudra leur donner de la viande, et que la fantaisie leur viendra peut-être de se servir eux-mêmes ! Il est toujours triste alors de devoir par mesure de prudence, faire abattre les animaux qu’on a eu si grand plaisir et quelquefois tant de peine à élever : on finit par s’y attacher tellement que c’est un gros crève-cœur de devoir s’en séparer, mais c’est malheureusement le sort réservé à la plupart des fauves élevés en captivité.

Un roulement de tambour nous fait sortir de nos tentes tous les signaux se donnent ici de cette manière et non pas à la tromba (cor) comme chez nous en Abyssinie : on vient m’apporter la note de mon gîte d’étape ! Ô beauté de l’administration ! nous avons occupé dix mètres carrés sur la place en y dressant nos tentes, et on me réclame le prix de mon appartement : pourquoi ne me demande-t-on pas en même temps de remettre la clé de La chambre avec son numéro ? Il est vrai de dire que les autorités nous but fourni du bois et de l’eau, deux choses indispensables en campement, et que nous aurions eu beaucoup de peine à