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chasses et voyages au congo

nouvelle repoussée dans les brûlés devrait, semble-t-il, attirer les bêtes de tout poil, il est rare d’en rencontrer l’une ou l’autre, tandis que c’est par troupeaux de 80 ou 100 têtes qu’on les voit dévaler dans la plaine qui s’étend vers le lac Edouard.

La température est admirable, 26° à l’ombre à 8 h. 1/2 du matin et à Il heures elle ne dépasse pas les 30" ; nous sommes sur une colline à 1.150 mètres d’altitude, et l’air y est frais venant des montagnes dont les crêtes bleues et rouges nous encadrent de tous côtés. Après une promenade de quelques heures dans cette nature grandiose, où on se sent si seul et loin de tout (deux noirs ne comptent pas comme présence), c’est le tournoiement des grands oiseaux au-dessus du camp qui en me l’indiquant, guident mon retour, et en arrivant aux alentours, je vois l’ami de la maison, le héron, au long, bec, fidèle et curieux, qui à chaque nouveau campement nous suit et nous guette assis sur son arbre.

Vers le soir, nous allons nous promener, ma femme et moi, dans le but de tuer quelques perdreaux. À peine avons-nous quitté nos tentes que nous retrouvons la barde des huit waterbuck mâles que j’avais déjà vus le matin ; un à un ils nous apparaissent, les uns couchés, les autres broutant, et l’on dirait qu’ils se rendent compte qu’ils n’ont rien à craindre de nous, car sans se presser, ils se déplacent à peine à notre approche, et longtemps encore nous voyons le dernier se profiler sur la crête d’où il semble guetter nos mouvements pour donner l’alarme si le besoin s’en faisait sentir ; mais aujourd’hui nous ne troublerons pas plus longtemps leur paisible retraite, et nous enfonçant dans la brousse, nous errons longtemps sans rencontrer les perdreaux que nous sommes venus chercher et qu’on nous dit être assez nombreux dans ces parages. À la fin pourtant, nous en faisons lever une compagnie et j’ai la chance d’en abattre un d’une espèce encore inconnue pour moi : c’est un genre Francolin ayant les pattes plus roses