Page:Maurice Pescatore - Chasses et voyages au Congo, 1932.djvu/202

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
186
chasses et voyages au congo

15 jours et n’a pas encore fait son apparition. La plaine est parsemée d’euphorbes en fleurs, et chaque chandelle porte à son bout une bougie rose ; au bord de la rivière, partout où les rives s’aplatissent, on voit surgir des bouquets de palmiers, et là aussi se rencontrent les hippos. A chaque boucle de la rivière se tient un nouveau groupe de ces bêtes intéressantes que nous contemplons de loin, circulant, se battant, ou meuglant béatement, mais disparaissant sous l’eau aussitôt qu’elles se croient observées ou en danger. — En même temps dans la plaine à notre gauche toujours encore, nous voyons des troupeaux de kobs ou de topis (tyangs). Dans l’un de ces troupeaux j’ai compté jusqu’à 76 têtes ; ils se tiennent à une distance qui vous paraît facile à franchir, mais sitôt que vous voulez approcher, ils se mettent en marche et continuent à maintenir entre eux et vous toujours la même distance, de sorte que parfois ils vous entraînent ainsi à des kilomètres à leur poursuite, poursuite qu’on finit, de guerre lasse, par abandonner. Le mâle isolé par contre, en vous voyant venir, se met toujours de face, pour rendre le tir presque impossible et reste debout sans bouger à regarder passer la caravane. Souvent on voit des troupeaux mélangés de kobs et de topis et ceux-ci qui se reconnaissent de loin à leur bosse, ont l’air de diables noirs, quand ils vous regardent du haut d’une crête, leurs cornes se dessinant sur le ciel gris plombé de chaleur. C’est surtout à leur démarche et à leur port de tête qu’on distingue les espèces : les kobs de couleur orange, ont le galop lent et relevé derrière ; par contraste les readbucks gris et plus légers, de nature inquiets et pressés, ont l’allure rapide et bondissante et ne se voient habituellement qu’au grand galop tendu. Mais tout à fait typique est le galop des tiangs (topis) ; ceux-ci, presque noirs et avec le garrot très prononcé, ont le galop comme celui du cheval, lent et régulier, toujours correct de droite ou de gauche, mais jamais à fond, ils ont l’aspect