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chasses et voyages au congo

millions d’individus, vit dans le Soudan oriental entre les bassins du Nil, du Congo et du lac Tchad et l’enclave du Lado ; ce sont des gens très industrieux qui font de la poterie, des plats en bois, des tabourets sculptés, des paniers et de la vannerie de toutes espèces, des coûteaux et des cuillers en fer ; leur arme la plus (curieuse est le « troum-bachc, » projectile en fer qui se lance à la main, et qui se compose de trois branches terminées chacune par une pointe en forme de feuille, de triangle ou de cœur. L’agriculture n’est guère florissante chez les Niams-Niams, et ils se nourrissent principalement du produit de leurs chasses ou de leurs pêches, car les rivières de l’Uelé regorgent de poissons. Les hommes sont grands et bien bâtis et ceux qui nous accompagnent sont tous plus ou moins habillés, ou du moins portant l’une ou l’autre défroque et des coiffures variées. L’un de nos pisteurs s’était affublé d’un bonnet écossais orné d’une plume d’aigle, ce qui lui donnait un faux air de Quentin Durward, tandis que d’autres s’étaient entièrement couvert la tête d’une énorme touffe de plumes qui rappelait singulièrement les couvre-chefs des peaux rouges. Les femmes par contre sont nues, supernues comme dans la chanson de Mistinguet ; comme ornements, elles se passent des baguettes à travers le lobe de l’oreille, ou s’accrochent des boutons de métal dans les ailes du nez ou aux lèvres. Elles sont coiffées soit avec des petites tresses à la mode abyssine, soit en attachant dans leurs cheveux courts et crépus une rangée d’épingles anglaises, dites épingles de sûreté ; j’en ai compté jusqu’à six, sept, huit, alignées symétriquement les unes à côté des autres, et que ces dames mettaient comme le plus précieux des bijoux empruntés à notre civilisation. Autour des reins, elles portent comme ceinture un ou plusieurs rangs de perles aux couleurs alternées bleu blanc rouge, dont le but est de retenir deux bouquets de feuilles fraîches, l’un par devant, l’autre par derrière ; c’est là leur seul vêtement, qui rappelle celui d’Eve après la faute, mais par le choix