Page:Maurois - Les Silences du colonel Bramble (Grasset 1918).djvu/226

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le tableau le plus animé, et cette fête pittoresque frappa vivement le roi et les officiers de son état-major. »

Là s’arrêtait le livre de Jean Valines ; mais Aurelle, tout en regardant le crépuscule baigner lentement le jardin, se plut à imaginer la suite : la visite de Lamartine sans doute, puis celle de Napoléon III, les arcs de triomphe et les inscriptions, et hier peut-être Carnot ou Fallières recevant du maire, sur la place Saint-Ferréol, l’assurance du dévouement inaltérable aux institutions républicaines des fidèles populations d’Estrées. Puis l’avenir : des chefs inconnus ; peut-être les draperies seraient-elles rouges, peut-être bleues, jusqu’au jour où quelque dieu aveugle écraserait d’un coup de talon cette vénérable fourmilière humaine.

« Et chaque fois, songeait-il encore, l’enthousiasme est sincère et les serments loyaux, et ces boutiquiers honnêtes sont heureux de