Page:Maurois - Les Silences du colonel Bramble (Grasset 1918).djvu/251

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permission et je serai parfaitement heureux.

Après le déjeuner, ils allèrent tous les quatre jusqu’à la tombe du Padre. Elle était dans un petit cimetière, entourée d’herbes hautes que coupaient çà et là des entonnoirs encore frais. Le Padre était entre deux lieutenants de vingt ans : les bleuets et les plantes sauvages avaient étendu sur les trois tombes un même manteau vivant.

— Après la guerre, dit le général Bramble, si je suis de ce monde, je ferai mettre une pierre gravée : « Ici repose un soldat et un sportsman. » Cela lui fera plaisir.

Les trois autres restaient silencieux et ressentaient une même émotion grave et généreuse. Aurelle entendait invinciblement chanter dans l’air bourdonnant de l’été la valse de la Destinée et revoyait le Padre quand il partait à cheval, les poches bourrées de livres d’hymnes et de cigarettes pour les hommes.