Page:Maurois - Les Silences du colonel Bramble (Grasset 1918).djvu/79

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— C’est un si horrible changement ! dit Gibbons. Hier matin j’étais encore dans mon jardin, au milieu d’une vraie vallée anglaise coupée de haies et d’arbres. Tout était propre, frais, soigné, heureux. Mes jolies belles-sœurs jouaient au tennis. Nous étions tous vêtus de blanc. Et me voici brusquement transporté dans votre affreux bois déchiqueté et au milieu de votre bande d’assassins.

Ah ! Quand croyez-vous que cette damnée guerre sera finie ? Je suis un homme si paisible ! Je préfère le son des cloches à celui du canon et le piano à la mitrailleuse. Ma seule ambition est d’habiter la campagne avec ma grasse petite femme et beaucoup de petits enfants gras.

Et levant son verre :

— Je bois à la fin de ces folies, conclut-il, et à l’enfer pour les Boches qui nous ont amenés ici.