Page:Maurois - Les Silences du colonel Bramble (Grasset 1918).djvu/80

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Mais l’ardent Warburton entonna aussitôt l’antiphrase : — Moi, j’aime la guerre, dit-il ; la guerre seule nous fait une vie normale. Que faites-vous en temps de paix ? Vous restez à la maison ; vous ne savez que faire de votre temps : vous vous disputez avec vos parents et avec votre femme si vous en avez une. Tous pensent que vous êtes un insupportable égoïste et vous l’êtes.

Arrive la guerre : vous ne rentrez plus chez vous que tous les cinq ou six mois. Vous êtes un héros, et, ce que les femmes apprécient bien davantage, vous êtes un changement. Vous savez des histoires inédites, vous avez vu des hommes étranges et des choses terribles. Votre père, au lieu de dire à ses amis que vous empoisonnez la fin de sa vie, vous présente à eux comme un oracle. Ces vieillards vous consultent sur la politique étrangère. Si vous êtes marié, votre femme est