Page:Maurois - Les Silences du colonel Bramble (Grasset 1918).djvu/85

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Sur quoi, le docteur et le major Parker se mirent à discuter la question irlandaise sur le ton plaisamment acide qui leur était habituel. Le colonel chercha dans sa boîte de disques When Irish eyes are smiling, puis intervint avec bon sens et courtoisie.

— Et c’est ainsi, Aurelle, conclut le major Parker, que vous nous voyez, nous pauvres Anglais, chercher de bonne foi la solution d’un problème qui n’en comporte pas. Vous croyez peut-être que les Irlandais désirent certaines réformes définies et qu’ils seraient heureux et tranquilles le jour où ils les auraient obtenues ? Pas du tout. Ce qui les divertit, c’est la discussion elle-même, la conspiration théorique. Ils jouent avec l’idée d’une république indépendante : si nous la leur donnions, le jeu serait fini et ils en inventeraient un autre, probablement plus dangereux.

— Allez en Irlande après la guerre, messiou, dit le colonel, c’est un pays extraordinaire.