Page:Maurois - Les Silences du colonel Bramble (Grasset 1918).djvu/97

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d’O’Grady, moi : je suis un vieux soldat, j’ai vu le monde et je connais la vie. Au temps où je chassais en Afrique, une reine nègre me fit cadeau de trois négresses vierges…

— Padre !

— Oh ! je les remis en liberté le jour même : cela les vexa d’ailleurs beaucoup. Mais je ne vois pas pourquoi, après cela, je viendrais jouer les Mistress Grundy dans ce mess.

Un des ordonnances apporta de l’eau bouillante et le Padre pria Aurelle de faire le thé.

— Quand je me suis marié… Pas comme cela, messiou : c’est curieux, aucun Français ne sait faire le thé. Chauffez la théière d’abord, my boy, vous ne pouvez pas obtenir un thé convenable dans une théière froide.

— Vous parliez de votre mariage, Padre…

— Oui, je voulais vous raconter comment tous ces Pharisiens qui voudraient que je fusse prude au milieu des jeunes gens se sont indignés quand j’ai voulu l’être raisonnablement.