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Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/236

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kiel et tanger

plus à étouffer une rumeur aussi flatteuse, ni à reconquérir notre ancienne réputation de sommeil : mais l’auraient-ils voulu, qu’ils y auraient bien difficilement réussi. Leur résistance eût été gênée et leur vœu annulé d’abord par nos amis du jour, et ensuite par nos ennemis de la veille.

Le parti du recueillement avait, tout naturellement, à combattre les Puissances participantes du système Hanotaux, inquiètes ou irritées de nos menaces de défection, et désireuses de nous rappeler sous leur aile, mais il aurait fallu décourager aussi les offres des Puissances mêmes contre lesquelles l’ancien système avait été organisé. Le cabinet de Saint-James nous sentait disposés à nous dégager de tout dessein qui lui fût hostile : il devait donc songer à nous offrir chez lui l’équivalent exact de ce que nous semblions disposés à quitter du côté allemand… La tentation d’enchérir sur les avances de Berlin lui était suggérée par le mouvement qui nous éloignait de l’Europe centrale. Il devait désirer le prolonger et le conduire jusqu’à cet extrême opposé qui était l’entente avec lui. Bientôt, tous ses efforts tendirent à nous mettre dans l’impossibilité de lui échapper.

La tentation anglaise était sérieuse. Que lui opposer ? Pendant plusieurs années, notre diplomatie avait donné la main à un ennemi héréditaire qui nous avait ravi Strasbourg et Metz, cinq milliards et toute suprématie politique en Europe. Pouvions-nous alléguer aucun motif sérieux de repous-