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Page:Maurras - Kiel et Tanger - 1914.djvu/275

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le plan delcassé

mez que l’âme des chancelleries contemporaines, surtout allemandes, est le « bluff », — et vous ne sentez pas que vous aussi bluffez, pour parler votre langue, et que votre bluff obligera votre partenaire à des bluffs redoublés. C’est à quoi il vous faudra bien peut-être répondre. Mais comment ? Sinon en triplant le bluff à votre tour et en le renforçant de toutes les puissances morales capables de rendre votre bluff imposant ! Il se trouve que vous ne faites rien en secret. Vos sentiments sont avérés. D’abord, on en cause partout. Puis, vous y ajoutez toute la publicité concevable. Votre défi à l’empereur remplit la presse européenne, y compris la russe et la turque. Et voilà qu’une seule presse, une seule opinion, en est tenue absolument ignorante, et c’est la presse officieuse de votre pays, c’est notre presse nationale ! L’opinion française est censée gouverner, et vous ne faites rien pour l’avoir avec vous. Vous ne faites rien pour émouvoir le pays et pour l’associer à votre mouvement.

Cependant le concours tout au moins tacite de la nation était indispensable à une politique pareille. Quand vous auriez été décidé à ne jamais faire aucun appel effectif à de telles forces, il vous fallait, pour la montre et pour la parade en Europe, des hommes, de l’argent, de l’enthousiasme public. Il vous fallait un corps de sentiments et d’idées favorables sérieusement propagé dans notre pays. Or, vous n’avez jamais exprimé de velléité dans ce sens. Vous n’avez même pas demandé à