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l’avenir de l’intelligence

offraient l’occasion d’un Risorgimento français ; elle l’évita avec soin.

Autre exemple : les lettrés du xviiie siècle avaient fait décréter comme éminemment raisonnable, juste, proportionnée aux clartés de l’esprit humain et aux droits de la conscience, une certaine législation du travail d’après laquelle tout employeur, étant libre, et tout employé, ne l’étant pas moins, devaient traiter leurs intérêts communs d’homme à homme, d’égal à égal, sans pouvoir se concerter ni se confédérer avec leurs pareils, qu’ils fussent ouvriers ou patrons. Ce régime, qui n’était pas assurément le meilleur en soi, qui était même en soi détestable, paraissait néanmoins applicable ou possible dans l’état où se trouvaient les industries humaines aux environs de 1789 ou de 1802 ; c’est à peine si la moyenne industrie avait fait son apparition, la grande industrie s’indiquait faiblement, la très grande industrie n’existait pas encore. Un fait nouveau, l’un des faits que Napoléon méconnut, la vapeur, stimula les transformations. La législation littéraire de la Révolution et de Napoléon dut se heurter dès lors aux difficultés les plus graves ; de gênante et de périlleuse pour l’avenir, ou de simplement immorale, elle devint un danger immédiat, pressant, et vraiment elle conspira contre l’ordre et la paix à l’intérieur. Car, dans la très grande industrie, le patron personnel s’évanouit presque partout : il fut remplacé par le mandataire d’un groupement ; quel que fût, d’ailleurs, ce nouveau chef, il acquérait, du fait des conditions nouvelles, une puissance telle qu’on ne