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Division concrète
de la sociologie
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I. PRINCIPE

En fait, il n’y a dans une société que deux choses : le groupe qui la forme, d’ordinaire sur un sol déterminé, d’une part ; les représentations et les mouvements de ce groupe, d’autre part. C’est-à-dire qu’il n’y a, d’un côté, que des phénomènes matériels : des nombres déterminés d’individus de tel et tel âge, à tel instant et à tel endroit ; et, d’un autre côté, parmi les idées et les actions de ces hommes communes en ces hommes, celles qui sont, en même temps, l’effet de leur vie en commun. Et il n’y a rien d’autre. Au premier phénomène, le groupe et les choses, correspond la morphologie, étude des structures matérielles[2] ;

  1. Extrait de « Divisions et proportions des divisions de la sociologie » (1927, Année sociologique, nouvelle série, 2).
  2. Sur la notion de structure : Nous nous excusons de continuer à nous servir du mot « structure ». Il désigne en effet trois choses distinctes : 1. des structures sociales qui sont vraiment matérielles : répartition de la population à la surface du sol, à des points d’eau, dans des villes et des maisons ou le long des routes, etc. ; répartition d’une société entre sexes, âges, etc. ; puis d’autres choses, matérielles encore, mais déjà morales qui méritent encore le nom de structure puisqu’elles se manifestent de façon permanente, en des endroits déterminés : emplacements d’industries ; groupes secondaires isolés, par exemple, dans une société composite : ainsi les quartiers nègre, chinois, italien, d’une grande ville américaine ; 2. nous appelons encore structures des sous-groupes dont l’unité est surtout morale, bien qu’elle se traduise en général par des habitats uniques, des agglomérations précises, plus ou moins durables : par exemple le groupe domestique et, à titre d’illustration : la grande famille, le groupe des parsonniers ;