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La sociologie : objet et méthode
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en elle-même tout ce que l’on confond ou divise arbitrairement sous le nom : de statistique (exception faite des statistiques spéciales qui relèvent de l’étude des institutions : morales, économiques, etc. ; exception faite aussi des statistiques somatiques, stature, etc. qui relèvent de l’anthropologie somatologique) ; sous le nom de démographie ; sous le nom de géographie humaine ou anthropogéographie ou géographie historique, ou géographie politique et économique ; elle comprend aussi l’étude des mouvements de la population dans le temps et dans l’espace : natalité, mortalité, âge ; alternatives, flottements des structures ; mouvements et courants migratoires ; elle comprend aussi l’étude des sous-groupes de la société en tant qu’ils sont ajustés au sol. C’est sur cette solide base que doit s’édifier un jour une sociologie complète. Et cette base très large, de masses et de nombres, peut être graphiquement figurée, en même temps que mathématiquement mesurée. La morphologie sociale est donc l’une des parties de la sociologie les plus compactes ; elle peut donner les conclusions les plus satisfaisantes pour l’esprit.


Contenu de la physiologie sociale

Hors des hommes et des choses que la société contient, il n’y a en elle que les représentations communes et les actes communs de ces hommes — non pas tous les faits communs, comme manger et dormir, mais ceux qui sont l’effet de leur vie en société. Cette catégorie de faits est celle de la vie de la société. Elle constitue un système de fonctions et de fonctionnements. C’est donc encore de la structure, mais de la structure en mouvement. Mais surtout, puisqu’il s’agit de faits de conscience en même temps que de faits matériels, ce sont aussi des faits de vie mentale et morale. On peut donc les diviser en deux : 1. les actes sociaux, ou pratiques sociales, ou institutions, dans le cas où les actes sont traditionnels et répétés en vertu de la tradition ; 2. les idées et sentiments collectifs qui président ou correspondent à ces actes, ou sont tout au moins l’objet de croyances collectives. À cette division des faits correspond une division de la physiologie sociale en : 1. physiologie des pratiques, 2. physiologie des représentations.

On voit pourquoi, de même que le mot de morphologie, celui de physiologie doit être employé avec précaution. Il est