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Page:Maxence Van der Meersch La Maison dans la dune 1932.djvu/119

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la maison dans la dune

viner ces gens-là, il avait un flair infaillible. Du premier coup d’œil, la silhouette massive de Lourges le frappa, il fut sûr que c’était lui.

Lourges était là depuis l’aube. Il y avait plusieurs jours qu’il venait se poster à cette place, car on lui avait signalé quelque chose, un trafic suspect d’hommes à vélo et d’automobiles aux environs d’un grand cabaret qu’il s’entêtait à surveiller avec une obstination de bull-dog. Il occupait son poste d’espionnage sans interruption, du matin jusqu’au soir. Il dînait d’un sandwich, que son camarade allait lui chercher. Il se laissait stoïquement percer sous l’averse. Et, mouillé, gelé, crevant d’ennui, il s’acharnait malgré tout, rageant de s’être laissé raconter des histoires, n’admettant pas qu’on eût pu le duper à ce point. Au désespoir de son camarade, il avait laissé passer de bonnes occasions, des individus suspects qu’il eût été intéressant de suivre, pour savoir où ils allaient, ce qu’il y avait dans leur paquet. Il s’entêtait, il ne quitterait la place que lorsque sa certitude serait définitivement établie.

À trois cents mètres de là, Sylvain maintenant le guettait, lui aussi. Il attendit quelques minutes. Puis, voyant que Lourges ne bou-