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Page:Maxence Van der Meersch La Maison dans la dune 1932.djvu/120

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la maison dans la dune

geait pas, il comprit que l’homme était en observation.

Il était possible à Sylvain de prendre une autre route. Mais, vers la droite, il devrait faire un immense crochet pour éviter un autre groupe suspect qui barrait le chemin de Fort-Louis. Et, du côté de la gare, à gauche, il ne fallait pas songer à s’aventurer. C’était plein de douaniers, il serait pris tout de suite, sans pouvoir fuir, au milieu de l’encombrement des rues. Il fallait passer devant Lourges.

En ces cas difficiles, Sylvain avait une tactique à lui, qui lui avait maintes fois réussi. Il se résolut à l’employer encore. Il se posta au bord du trottoir, et, assis sur sa selle, le pied sur la pédale, prêt pour un départ rapide, il attendit.

Autour de lui, les gens passaient, ouvriers, bourgeois, dames et femmes du peuple. Tout ce monde-là allait paisiblement à ses affaires ou à ses plaisirs, en pleine tranquillité, en pleine sécurité. Nul ne se doutait que l’homme qu’on coudoyait là, et qui paraissait aussi paisible que les autres, fût un homme guetté, traqué, attendu, et que sa feinte indifférence cachât en réalité une tension intérieure presque douloureuse. Des autos défilèrent devant