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Page:Maxence Van der Meersch La Maison dans la dune 1932.djvu/200

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la maison dans la dune

— Tiens, s’exclama Germaine, blessée au vif. Je la vaux bien, je pense, cette petite bégueule ! Je ne prends pas l’homme des autres, moi…

Et sur l’image pure que Sylvain, en lui-même, gardait de Pascaline, Germaine vomit un flot d’injures infâmes. Elle se soulagea. Elle cracha tout son fiel, toute sa jalousie de femme déchue et corrompue, contre cette jeune fille qu’elle haïssait, parce qu’elle la devinait intacte. Elle était intelligente, dans sa méchanceté. Elle comprenait bien la poussée de tendresse qui avait dû croître dans l’âme de Sylvain, devant cette gamine qui était encore toute candeur, toute pureté. Et elle prenait une joie féroce à souiller cette fraîcheur, à railler Sylvain avec des mots qui lui fouillaient le cœur, mettaient à nu, ravageaient les espérances, les rêves, toute la mystérieuse et délicate floraison de cet amour encore inavoué. Sa rage croissait avec le flux de ses paroles. Le cri désespéré de Sylvain : « Tu as osé faire ça ? » l’avait blessée à vif, dans son orgueil et son envie haineuse. Et elle s’exaspérait davantage encore, devant l’attitude de l’homme.

Il ne disait plus rien. Il assistait, hébété, à ce Carnage, à ce massacre de ses rêves. Il ne