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Page:Maxence Van der Meersch La Maison dans la dune 1932.djvu/227

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la maison dans la dune

nant comme un corps sans âme, aussi bien ici que là. Mais derrière cette façade, un fossé les séparait. Il ne s’intéressait plus à elle. Elle lui était suprêmement indifférente, comme tout le reste. Et cela, elle le sentait. Elle en rageait. Elle se donnait à Lourges avec une frénésie où il entrait autant de haine pour Sylvain que d’amour pour le douanier. Et elle en venait à pousser Lourges, à l’exciter contre son mari, à le provoquer et le blesser, pour accroître la vindicte dont elle le sentait tout plein, sans qu’il voulût l’avouer. Elle aurait pu trahir encore Sylvain qu’elle l’aurait fait tout de suite. L’amour qu’elle avait eu pour lui se changeait en une rage d’aversion et de vengeance.

Un jeudi après-midi, enfin, elle arriva au rendez-vous tout illuminée, si radieuse que Lourges devina immédiatement du nouveau. Elle le pressa de monter en haut, dans la chambre qui leur était toujours retenue pour ce jour-là. Et là, sans prendre le temps de se dévêtir, tout de suite, elle entraîna Lourges sur le lit, s’assit auprès de lui. Elle rayonnait.

— Ça y est, cette fois, mon loup, s’exclama-t-elle. On le tient. Tu vas l’avoir.

— Sylvain ? comprit Lourges, immédiatement.